La CAULERPA TAXIFOLIA:
Comment en tirer parti ?

Pour équilibrer le milieu marin :

       L’arrachage de l’algue pose la question de l’après Caulerpa taxifolia. Il ne va pas de soi que le milieu marin réagisse positivement après une colonisation, puis une décolonisation de cette espèce.

       De nombreuses études ont montré que la biodiversité dépendait de la complexité architecturale du substrat. Plus le substrat est complexe, plus le milieu connaît une grande diversité spécifique et une biomasse importante. La Caulerpa taxifolia induit un envasement des substrats sur lesquels elle parvient à s’installer. Ce phénomène est proportionnel à la densité et à l’ancienneté de la prairie.
       Dans les régions où le littoral est constitué par des roches sédimentaires, certains minéraux, par exemple les micas à forte flottabilité, sont filtrés par les frondes. Ils contribuent à l’anoxie du substrat en créant un film amoindrissant les échanges gazeux entre le benthos et l’eau.

       Néanmoins, contre toute attente, la régression de la Caulerpa taxifolia n’entraîne pas sur les substrats durs, une augmentation de la diversité spécifique et de la biomasse. Au contraire, ces dernières stagnent voire diminuent.
       Certes, les courants marins vont libérer les roches de ces sédiments car aucun couvert végétal ne les retient. Rapidement, les conditions réductrices disparaissent puisque cesse l’accumulation de particules de matière organique. Mais il faut du temps avant que le désenvasement du substrat soit suffisant pour rendre disponibles les micro-habitats qui forment des refuges pour tous les poissons benthiques, c’est-à-dire les poissons qui vivent près du substrat. Lors de l’arrachage, le fond rocheux est sans refuges et sans algues (caches) d’où une chute de la biomasse des poissons.

       La colonisation des substrats rocheux par la Caulerpa taxifolia est irréversible pour plusieurs années. Son éradication sur de tels milieux dans les plus brefs délais est donc une nécessité.

       A l’inverse, sur les fonds meubles, graviers ou bancs de sable, si l’arrivée de la Caulerpa taxifolia a complexifié le milieu et a permis une augmentation de la biomasse et de la diversité spécifique, sa disparition voit le retour de poissons des zones sableuses. Le milieu retrouve rapidement l’état antérieur à la Caulerpa taxifolia. L’arrachage de « l’algue tueuse » peut ainsi être effectué sans préjudice sur ce milieu.

       La méthode d’arrachage préconisée n’est cependant pas une technique d’éradication totale. L’éradication d’une colonie ne peut être effective que lorsque la totalité de la plante et de ses fragments (y compris les stolons et les rhizoïdes dans le sédiment) a été enlevée de la zone traitée. Mais il s’agit uniquement d’un moyen pour rentabiliser l’arrachage de la Caulerpa taxifolia, d’un soutien à l’éradication aujourd’hui effectuée bénévolement par des associations. L’augmentation des moyens pourrait renverser la tendance expansionniste de l’algue invasive. Mais, la Caulerpa taxifolia existera toujours sur les substrats ne permettant pas un arrachage manuel renforcé d’une suceuse hydraulique (herbiers de macrophytes, zones au-delà de dix à quinze mètres) et dans les nouvelles colonies non cartographiées.

       Il est donc indispensable de multiplier les zones « sanctuaires » vierges de Caulerpa taxifolia, pour protéger la biodiversité, en attendant une possible éradication totale de cette algue. Le protocole décrit précédemment a aussi comme objectif de réduire le recouvrement en dessous d’un « seuil de colonisation » en deçà duquel la Caulerpa taxifolia n’affecte guère le milieu. Ce moyen de contrôle tend à instaurer le mode de développement naturel de l’algue-mère, en touffes ou petits îlots de caulerpe.

       En conclusion, l’arrivée et l’expansion de la Caulerpa taxifolia sont le résultat de la négligence et de l’immobilisme humain. Bien que la France n’ait pas été à l’origine de ce désastre écologique, elle est le premier lieu d’accueil de la quasi-totalité des espèces invasives en Europe. Cette caulerpe n’est qu’un exemple parmi d’autres. Cependant, la Caulerpa taxifolia a fait couler beaucoup d’encre et de nombreux chercheurs se sont penchés sur la question. Une certaine prise de conscience de la population locale du littoral n’a pas permis une action de grande envergure.

       Dans la mouvance écologique du Grenelle de l’environnement et sous la pression des publications scientifiques, nous nous prenons à espérer que les pouvoirs publics intensifient leurs efforts dans leur lutte contre les ravages environnementaux. Après la promulgation, en 1995, de la loi Barnier, il ne leur reste plus qu’à rédiger les décrets d’application pour que celle-ci entre en vigueur et légifère, comme dans les pays anglo-saxons, sur les espèces exotiques.

       Cependant, malgré les conséquences désastreuses de la colonisation par la Caulerpa taxifolia, la caulerpényne peut offrir un potentiel non négligeable pour l’agriculture et la santé. Bien qu’à ce jour, aucune expérience n’ait validé cette théorie, celle-ci présente, à notre niveau, une piste intéressante pour l’avenir. Notre dossier a eu pour seule ambition d’exposer des propriétés de la Caulerpa taxifolia qui pourraient permettre d’une part des progrès conséquents et d’autre part un contrôle rigoureux de l’algue afin de sauver des écosystèmes uniques.

<= Précédent         Suivant =>

 haut de page                 Imprimer cette page 

 Partie: Conclusion 

 retour accueil 

 TPE réalisé par Farah YOUSFI, Nicolas VINCENT et Sylvain PICHOT, 1èreS au lycée agricole de Valabre ! en 2007/2008
 © Auteur du site: Sylvain Pichot 


validité XHTML validité CSS
site optimisé pour firefox